[Fiche Anime] Mirai no Mirai

[Fiche Anime] Mirai no Mirai

17 mai 2020 1 Par Sugi

J’avais raté les diffusions au cinéma de Mirai no Mirai il y a maintenant deux ans, et il était temps pour moi de rattraper mon retard en regardant le dernier film de Mamoru Hosoda, un de mes réalisateurs préférés.

Mirai no Mirai, ou en français Mirai ma petite sœur, sorti au cinéma en 2018 (juillet 2018 au Japon et décembre 2018 en France), est un film d’1h30 de Mamoru Hosoda. On suit une famille ordinaire habitant dans la ville de Yokohama au Japon, avec un jeune enfant de 4 ans, Kun. Sa vie va complètement changer avec la naissance de sa petite sœur Mirai. Sentant que l’attention de ses parents lui échappe, il va devenir jaloux de sa petite sœur.

Petite remise en contexte : Mamoru Hosoda est un réalisateur connu pour ses films sur le thème de la famille, on pourra citer par exemple Summer Wars, Les Enfants Loups Ame & Yuki ou encore L’enfant et la bête. Cette fois-ci, l’histoire se concentre sur l’arrivée d’un deuxième enfant dans la famille du protagoniste. Mamoru Hosoda s’est inspiré de sa situation : en effet, il s’est rendu compte que son fils de 3 ans à l’époque était jaloux de sa plus jeune fille. C’est ainsi que lui est venu l’idée d’écrire Mirai no Mirai. Il est même allé jusqu’à amener son fils dans le studio d’animation afin que le staff puisse retranscrire au mieux ses comportements.

Le film suit un schéma très simple : Kun est jaloux de Mirai, Kun va faire des bêtises, il va se faire gronder, il va bouder dans son coin seul ou avec son chien Yukko, et il va se passer des choses dans son imaginaire qui vont l’amener à se connecter à différents membres de sa famille. Ces interactions vont permettre à Kun de grandir et de résoudre la situation dans laquelle il s’est mis. Une fois que la situation est résolue, on passe à un arc suivant et on recommence.

Kun le petit fauteur de troubles

Contrairement aux autres films de Mamoru Hosoda, on est cette fois-ci dans un setup assez simple. Il n’y a pas particulièrement de fil directeur ou de progression visuelle comme dans L’enfant et la bête, mais plutôt une succession d’éléments plus ou moins indépendants qui permettent à Kun de grandir. C’est un argument qui peut faire défaut au film, ça reste un film de slice of life où il ne s’y passe pas grand chose dans « le monde réel », l’évolution se fait individuellement sur les différentes situations dans l’imaginaire du héros. J’ai personnellement pris plaisir à suivre Kun dans ces différentes situations, même si toutes n’étaient pas égales selon moi, mais je comprendrais si ça en rebutait certains.

D’ailleurs, j’avais parlé plus haut du fait que Kun se connectait aux autres membres de sa famille. Parmi eux, on retrouve bien évidemment Mirai en version adulte, comme le montre l’affiche et comme le souligne très fortement le titre japonais (Mirai no Mirai se traduirait en « la Mirai du futur »). Mais le focus n’est pas sur « la Mirai du futur », mais bien sur Kun et ses relations avec « la Mirai du présent ». Je voulais juste faire cette petite précision pour ceux qui, comme moi, n’avaient pas vu le trailer ni lu le synopsis.

Kun et Mirai du futur

Parlons un peu de Kun. Il s’agit donc du protagoniste de l’histoire : un gamin chiant de 4 ans qui vient saouler ses parents régulièrement. Il s’énerve avec ses parents à cause de ses propres actions, et arrive à s’en sortir grâce à l’intervention de différents membres de sa famille au sein de son imaginaire. Si les jours où l’on avait 4 ans paraissent si lointain, le film arrive tout de même à créer des situations où on peut se projeter et se remémorer de ces jours, et où on arrive à avoir de l’empathie pour Kun. Sans forcément avoir de petit frère ou de petite sœur, on se projette facilement dans ces moments où Kun cherche désespérément à obtenir l’attention de ses parents en criant 20 fois d’affilée « Maaaamaaaaaaaaaan ! » et en se faisant complètement ignorer.

Malgré un très jeune protagoniste et une histoire de base très simple, on se retrouve avec un personnage qui est intéressant à suivre, où toutes ses actions, aussi stupides soit-elles, sont complètement compréhensibles. Je pense d’ailleurs que ça doit être un très bon film à voir lorsque l’on est très jeune, parce que la projection est immédiate et doit permettre un minimum de réflexion subconsciente (voir consciente) chez un jeune enfant. De même, j’imagine qu’un parent doit très facilement se projeter dans cette situation (du côté des parents de Kun évidemment), permettant une meilleure compréhension de ses enfants.

En dehors de Kun, les autres personnages sont également intéressants à suivre. On voit par exemple ses parents, avec notamment le père un peu trop stressé qui a du mal à gérer la situation avec son fils. C’est d’ailleurs un personnage que j’apprécie fortement de par son honnêteté et sa volonté de bien faire. Les projections dans l’imaginaire de Kun nous permettent de voir les différentes histoires des membres de sa famille, et c’est super intéressant de suivre ces histoires et d’en voir les conséquences et résultats tels qu’on les connait dans « le monde réel ».

Kun et son père

Au niveau du visuel et de la musique, c’est sans trop de surprises très bon. Le chara design est simple mais très agréable, les décors sont très jolis, avec beaucoup de couleur vives comme je les aime. Les animations sont bien détaillées, particulièrement les animations des personnages et leurs expressions faciales qui sont juste parfaites. On retrouve également pas mal de plans notables, par exemple au tout début du film deux magnifiques plans plongeants sur la maison (lieu où la quasi-totalité du film se déroule en dehors des scènes dans l’imaginaire de Kun). J’ai d’ailleurs pas parlé de cette maison, mais elle a la particularité d’avoir été conçue par le père de la famille, qui est architecte. Elle présente donc un design intéressant avec plusieurs étages distincts mais où chaque étage est visible depuis un autre étage grâce à une baie vitrée, avec un jardin au centre. Cette disposition permet de belles transitions entre les différentes salles, en plus de présenter un cadre unique pour le film.

Kun et sa petite sœur, au dernier étage de la maison

Pour conclure, j’ai trouvé le film très bon. Je ne l’ai pas autant apprécié que les autres films de Mamoru Hosoda, notamment à cause d’un manque de fil directeur ou de péripéties importantes, les émotions ressenties étant moins importantes et les aspects drama laissant plus de place à des scènes comiques. J’apprécie tout de même l’originalité de l’histoire et du protagoniste, c’est simple, si simple que c’est une formule scénaristique assez rare. La réalisation dans son ensemble est vraiment excellente. Il ne convaincra pas tout le monde, mais reste tout de même un très bon film de famille.